La bombe sociale-libérale est en (dé)route. M. El Khomri, dont la nomination surprise en septembre 2015 réunissait pourtant tous les ingrédients de la caution cosmétique de gauche, s'avère avoir endossé malgré elle le rôle de la pompière pyromane. À peine arrivée rue de Grenelle, « Madame renouvellement de CDD » parvient à se brûler les ailes chez J.-J. Bourdin ; un mois plus tard, la voici annoncer, bouche en cœur, la réécriture totale du code du travail en deux malheureuses années ; en février, à peine le texte est-il largué dans la presse, elle subit une nouvelle balafre en provenance des barons frondeurs, suivis de près par une pétition à l'envergure exceptionnelle (le million de signataires est atteint en mars), du véhément hashtag « On vaut mieux que ça », d'une opposition tant syndicale qu'intellectuelle, et d'une « Nuit debout » prolongée, inespérée en France. Le texte est dénaturé, reporté, négocié, puis imposé par la « majorité » à son propre camp (l'estocade parlementaire de gauche ayant failli aboutir à deux voix près), alimentant un éréthisme viscéral au point d'enfanter la petite sœur du blocage des pompes de 1968. Le « malaise » de la ministre était annonciateur, à la fois actrice du déchirement des deux gauches et spectatrice de la trahison de ses rares et tragiques alliés de circonstance : la droite et le Medef.
Le comique de situation serait risible s'il n'était pas le symptôme d'une libéralomanie perpétuellement insatisfaite. Par « protéger les salariés », le gouvernement entend inverser la hiérarchie des normes sociales par et au détriment de la loi (sic !) et ainsi remettre en cause le principe de faveur bénéficiant jusqu'alors à ces derniers. En vue de
« favoriser l'embauche », il élargit les cas autorisant les licenciements économiques. Et afin de « donner plus de marges de manœuvre à la négociation », il utilise effrontément l'un des articles les moins démocratiques de la Constitution de 1958, à savoir le 49,3 (l'exécutif fait voter par défaut un texte par le pouvoir législatif, sauf si ce dernier parvient à déposer une motion de censure soutenue par un dixième des députés, ce périple devant au surplus être accompli dans les vingt-quatre heures, puis adopté dans les conditions d'une loi classique). La contradiction est telle que la présomption de bonne foi devient nulle et non avenue : il s'agit bien de s'aligner sur les « recommandations » toujours plus pesantes du commissaire européen en charge de l'euro et du dialogue social, V. Dombrovskis, à l'encontre d'un code du travail qui « [entraverait] la croissance des entreprises françaises ». L'Europe sociale, Monsieur Schuman ?
Giuseppe
Visible sur les sites :
- www.vivrealibourne.com (rubrique « Blog - Giuseppe ») ;
- www.patrimoine33.com (rubrique « Le blog de Giuseppe »).
Le comique de situation serait risible s'il n'était pas le symptôme d'une libéralomanie perpétuellement insatisfaite. Par « protéger les salariés », le gouvernement entend inverser la hiérarchie des normes sociales par et au détriment de la loi (sic !) et ainsi remettre en cause le principe de faveur bénéficiant jusqu'alors à ces derniers. En vue de
« favoriser l'embauche », il élargit les cas autorisant les licenciements économiques. Et afin de « donner plus de marges de manœuvre à la négociation », il utilise effrontément l'un des articles les moins démocratiques de la Constitution de 1958, à savoir le 49,3 (l'exécutif fait voter par défaut un texte par le pouvoir législatif, sauf si ce dernier parvient à déposer une motion de censure soutenue par un dixième des députés, ce périple devant au surplus être accompli dans les vingt-quatre heures, puis adopté dans les conditions d'une loi classique). La contradiction est telle que la présomption de bonne foi devient nulle et non avenue : il s'agit bien de s'aligner sur les « recommandations » toujours plus pesantes du commissaire européen en charge de l'euro et du dialogue social, V. Dombrovskis, à l'encontre d'un code du travail qui « [entraverait] la croissance des entreprises françaises ». L'Europe sociale, Monsieur Schuman ?
Giuseppe
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