« Gros lard ! »
« Sale négro ! »
« Intello, va ! »
« T'es qu'une tafiole, pédé ! »
Choqué, énervé, apeuré par ces phrases ? L’indifférent est probablement celui qui les a déjà prononcées. Quoi qu’il en soit, peu d'entre nous affirmeront ne jamais les avoir entendues durant leur scolarité. Cependant, ces mots ont une portée inimaginable : ils touchent, blessent, tuent parfois, tandis que les coupables récidivent sans cesse.
Les rapports gouvernementaux montrent ainsi un constat inquiétant : les discriminations en milieu scolaire se banalisent. L’école, symbole républicain par excellence à travers l’acceptation de la différence, voit son image ternie au fil des dernières décennies.
Pourtant, nous sommes tous sujets à être discriminés : sexe, origines, couleur de peau, orientation sexuelle, corpulence, mobilité, maladie, âge, capacités intellectuelles sont autant de facteurs d’exclusion, et ce malgré leur caractère totalement contingent.
Les chiffres ne manquent pas et sont alarmants : 25 % des jeunes disent avoir déjà été insultés par leurs camarades, 14 % se sentent exclus par eux, 11,7 % ont l’impression d’être harcelés, 14 % avouent avoir déjà été forcés à se déshabiller, et un jeune homosexuel a entre 7 et 14 fois plus de risques de tenter de se suicider. Rappelons que la discrimination est la deuxième cause de mortalité de la jeunesse française après les accidents de la route. Au total, ce sont plus de 50 000 tentatives de suicide par an chez les jeunes, avec un fort taux de récidive (entre 20 % et 50 %). N'oublions pas le personnel scolaire, souvent passé sous silence mais subissant ce fait de la même façon de la part des élèves ou de leurs collègues.
Convaincu par la nécessité immédiate d'un changement à ce niveau ? Si les gouvernements et les associations se battent inépuisablement contre cette montée en puissance de l’exclusion au sein de nos établissements scolaires, il ne peut y avoir d'amélioration globale que si chacun d’entre nous fait l'effort de combattre ces discriminations. Il faut remarquer qu'à l'origine, la principale raison de ce phénomène a toujours été l'ignorance de l'Autre, aboutissant à la peur de sa différence. En effet, nous n'acceptons que ce que nous décidons de connaître.
Au-delà d'une prise de conscience individuelle, c'est de la liberté d'exister, de l'égalité de traitement et de la fraternité en toutes circonstances dont il est question. « La République est l'incarnation même du progrès » comme l'affirmait justement Victor Hugo. Il est grand temps que les sympathisants de ce progrès osent eux-mêmes sortir du cercle infernal de l'habitude et des coutumes sociétales.
Giuseppe
Article figurant dans le journal n° 3 (juin 2012) du Lycée Porte-Océane (Le Havre), page 6.
« Sale négro ! »
« Intello, va ! »
« T'es qu'une tafiole, pédé ! »
Choqué, énervé, apeuré par ces phrases ? L’indifférent est probablement celui qui les a déjà prononcées. Quoi qu’il en soit, peu d'entre nous affirmeront ne jamais les avoir entendues durant leur scolarité. Cependant, ces mots ont une portée inimaginable : ils touchent, blessent, tuent parfois, tandis que les coupables récidivent sans cesse.
Les rapports gouvernementaux montrent ainsi un constat inquiétant : les discriminations en milieu scolaire se banalisent. L’école, symbole républicain par excellence à travers l’acceptation de la différence, voit son image ternie au fil des dernières décennies.
Pourtant, nous sommes tous sujets à être discriminés : sexe, origines, couleur de peau, orientation sexuelle, corpulence, mobilité, maladie, âge, capacités intellectuelles sont autant de facteurs d’exclusion, et ce malgré leur caractère totalement contingent.
Les chiffres ne manquent pas et sont alarmants : 25 % des jeunes disent avoir déjà été insultés par leurs camarades, 14 % se sentent exclus par eux, 11,7 % ont l’impression d’être harcelés, 14 % avouent avoir déjà été forcés à se déshabiller, et un jeune homosexuel a entre 7 et 14 fois plus de risques de tenter de se suicider. Rappelons que la discrimination est la deuxième cause de mortalité de la jeunesse française après les accidents de la route. Au total, ce sont plus de 50 000 tentatives de suicide par an chez les jeunes, avec un fort taux de récidive (entre 20 % et 50 %). N'oublions pas le personnel scolaire, souvent passé sous silence mais subissant ce fait de la même façon de la part des élèves ou de leurs collègues.
Convaincu par la nécessité immédiate d'un changement à ce niveau ? Si les gouvernements et les associations se battent inépuisablement contre cette montée en puissance de l’exclusion au sein de nos établissements scolaires, il ne peut y avoir d'amélioration globale que si chacun d’entre nous fait l'effort de combattre ces discriminations. Il faut remarquer qu'à l'origine, la principale raison de ce phénomène a toujours été l'ignorance de l'Autre, aboutissant à la peur de sa différence. En effet, nous n'acceptons que ce que nous décidons de connaître.
Au-delà d'une prise de conscience individuelle, c'est de la liberté d'exister, de l'égalité de traitement et de la fraternité en toutes circonstances dont il est question. « La République est l'incarnation même du progrès » comme l'affirmait justement Victor Hugo. Il est grand temps que les sympathisants de ce progrès osent eux-mêmes sortir du cercle infernal de l'habitude et des coutumes sociétales.
Giuseppe
Article figurant dans le journal n° 3 (juin 2012) du Lycée Porte-Océane (Le Havre), page 6.