La sécurité est le domaine régalien par excellence. Étymologie parlante : le regalis latin, c’est le « royal ». La sécurité est ainsi le premier devoir du roi : protéger ses sujets afin de justifier l’importance des pouvoirs qui lui ont été confiés. Cette « voie royale », foulée grassement par les autocrates en puissance (avec l’efficacité que l’on sait, mais non celle attendue), brade alors les libertés publiques acquises pour une sécurité fantasmée.
Si frontières il doit y avoir, ce serait donc entre le « sentiment d’insécurité » jospinien et l’insécurité réelle. Tout devient sujet d’effroi, donc est ciblé : l’islam, la jeunesse, la banlieue, l’étranger, le pauvre, l’homosexuel, le non-Blanc, et, depuis peu, le réfugié. Mais en ne posant pas les bonnes questions, les réponses seront d’emblée erronées. Évoquons davantage les violences systémiques, qu’elles soient morales, familiales, médiatiques, sociales, commerciales, politiques, auxquelles s’ajoute la violence lexicale ; pour y mettre un terme, commençons par poser ces bons termes.
Les attentats de Paris nous affectent particulièrement. Charlie était visé pour la liberté d’expression qu’il incarnait ; cette fois, il s’agissait de la liberté tout court. Des lieux variés, des activités du quotidien, des publics cosmopolites, des victimes aléatoires, et des variables peu prévisibles. Pourtant, ne cédons ni à la haine, ni à la psychose. Ne nommons pas non plus notre ennemi, ce serait une façon de le faire exister pleinement. Et, surtout, réfutons le terme de « guerre », car outre le fait qu’elle n’aurait rien de temporaire, nous n’avons pas de règles communes avec ceux qui s’opposent au droit positif, voire à notre - la ? - civilisation tout entière (1).
L’Europe a toujours refusé d’inclure la sécurité parmi ses valeurs fondamentales, sans doute par traumatisme historique. Et je lui donne raison : la démocratie, c’est d’abord la liberté du débat. Or, la sécurité ni ne débat, ni n’élargit les libertés ; elle s’impose brutalement. N’offrons pas ce cadeau aux anti-démocrates, et opposons-leur notre quotidien le plus habituel, cette pulsion de vie si chère aux Européens désormais habitués à l’oeil du cyclone. Je prolongerai, pour cette fois, Friedrich Nietzche : mieux vaut vivre dangereusement - mais libre - que d’attendre la mort en sécurité.
(1) Cf. éléments de définition de la guerre formulés par Gaston Bouthoul.
Giuseppe
Visible sur les sites :
- www.vivrealibourne.com (rubrique « Blog - Giuseppe ») ;
- www.patrimoine33.com (rubrique « Le blog de Giuseppe »).
Si frontières il doit y avoir, ce serait donc entre le « sentiment d’insécurité » jospinien et l’insécurité réelle. Tout devient sujet d’effroi, donc est ciblé : l’islam, la jeunesse, la banlieue, l’étranger, le pauvre, l’homosexuel, le non-Blanc, et, depuis peu, le réfugié. Mais en ne posant pas les bonnes questions, les réponses seront d’emblée erronées. Évoquons davantage les violences systémiques, qu’elles soient morales, familiales, médiatiques, sociales, commerciales, politiques, auxquelles s’ajoute la violence lexicale ; pour y mettre un terme, commençons par poser ces bons termes.
Les attentats de Paris nous affectent particulièrement. Charlie était visé pour la liberté d’expression qu’il incarnait ; cette fois, il s’agissait de la liberté tout court. Des lieux variés, des activités du quotidien, des publics cosmopolites, des victimes aléatoires, et des variables peu prévisibles. Pourtant, ne cédons ni à la haine, ni à la psychose. Ne nommons pas non plus notre ennemi, ce serait une façon de le faire exister pleinement. Et, surtout, réfutons le terme de « guerre », car outre le fait qu’elle n’aurait rien de temporaire, nous n’avons pas de règles communes avec ceux qui s’opposent au droit positif, voire à notre - la ? - civilisation tout entière (1).
L’Europe a toujours refusé d’inclure la sécurité parmi ses valeurs fondamentales, sans doute par traumatisme historique. Et je lui donne raison : la démocratie, c’est d’abord la liberté du débat. Or, la sécurité ni ne débat, ni n’élargit les libertés ; elle s’impose brutalement. N’offrons pas ce cadeau aux anti-démocrates, et opposons-leur notre quotidien le plus habituel, cette pulsion de vie si chère aux Européens désormais habitués à l’oeil du cyclone. Je prolongerai, pour cette fois, Friedrich Nietzche : mieux vaut vivre dangereusement - mais libre - que d’attendre la mort en sécurité.
(1) Cf. éléments de définition de la guerre formulés par Gaston Bouthoul.
Giuseppe
Visible sur les sites :
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- www.patrimoine33.com (rubrique « Le blog de Giuseppe »).